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  • : A la manière de Diogène, philosophe cynique, regards sur la politique, l'université, la société.
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3 novembre 2007 6 03 /11 /novembre /2007 07:48

Nous sommes noirs, nous sommes blancs, nous sommes jaunes et ensemble, nous sommes de la dynamite !

 

Une assemblée générale à l’université de Toulouse a voté le principe d’un blocage des lieux « à partir du mardi 6 novembre ». A la tribune une étudiante, Juliette.

 

Salut à tous,

 

Ce que je vais dire va sans doute paraître romantico-débile, mais bon, je me lance.

 

Aujourd’hui, j’aimerais vous parler de mon pote sans papier qui s’est fait embarquer par les flics, il a été libéré au bout de 8 heures de garde-à-vue et ils lui ont gentiment offert un mois de liberté avant de quitter la France pour retourner en Algérie.

 

Je voudrais aussi vous parler de mon amoureux “Toma” qui a repris les études y’ a deux ans après quelques années de galère. Il a obtenu son master 2 d’info avec la mention bien et il s’est vu refuser une bourse de thèse publique parce qu’il était trop vieux, il a 35 ans.

 

Je veux également vous parler de mes amis pédés qui se font agresser dans la rue parce qu’ils tournent trop du cul.

 

Mais aussi de ma petite sœur qu’est lycéenne dans l’hôtellerie et qui fait des tonnes de stages non rémunérés avec 50 heures de boulot à la semaine.

 

Et aussi de Babouchka, une amie qui est une femme battue, Elle a mis 15 ans à obtenir le divorce et attend toujours la séparation des biens. En attendant elle vit avec le minimum vieillesse.

 

Alors vous allez me dire de changer de potes, mais des situations de merde comme ça, on en a tous et maintenant ce que je voudrais savoir c’est comment on fait ?

 

Est-ce qu’on continue à décortiquer la loi Pécresse tout en continuant d’adopter leur langage politicien ?

 

Est-ce qu’on continue à faire des jeux de mots avec la LRU comme on l’a fait avec le CPE ?

 

Parce que si je me souviens bien y’a deux ans la coord’ nationale des étudiants exigeait beaucoup plus que le simple retrait du CPE mais on a eu la chose la plus merdique qu’on pouvait espérer.

 

Alors j’aimerais bien qu’on arrête de se focaliser sur la loi Pécresse qui n’est qu’une goutte d’eau en plus dans le vase qui ne déborde jamais.

 

Donc j’aimerais qu’on continue ce qu’on avait un petit peu réussi à faire y’a deux ans parmi les étudiants au niveau de notre combat dans la rue : ne pas déposer nos parcours de manif à la préf, ne pas voir de drapeau de qui que ce soit, ceux des orgas ou ceux des corporations, parce qu’une masse informe mais soudée qui peut accueillir n’importe qui, éprouvant n’importe quel ras le bol, c’est notre plus grande force.

 

Comme disait le groupe punk-rock des Béruriers Noirs : «nous sommes noirs, nous sommes blancs, nous sommes jaunes et ensemble, nous sommes de la dynamite!»

 

Donc, pour commencer, il faut foutre en l’air ce protocole de la manifestation modèle. Bon, entre nous, c’est presque déjà fait mais aux prochaines manifs de salariés ne restons pas dans notre cortège étudiant, mélangeons nous aux autres, c’est comme ça qu’on pourra se confronter à leurs problèmes, parce que mandater des étudiants aux AG des autres luttes, faire un résumé et voter le soutien aux diverses combats qui peuvent être menés dans le monde, c’est bidon. Il faut être solidaire ensemble dans la rue, dans les AG et non sur le papier.

 

Notre appel ne doit pas être destiné aux uniques étudiants et personnels universitaires et encore moins au gouvernement mais à tout le monde souhaitant s’organiser pour exprimer sa colère.

 

(compte-rendu de Libération, 31.10.2007)

 

Cette jeune femme a tout compris. Le langage est simple, politique de haut niveau, responsable (il faut toujours se poser la question : par rapport à qui). Héritière de Mai 68, de la culture populaire, réaliste, elle a compris le sens des mots. La classe politique corrompue, les syndicats jaunes, la démission de la Gauche ; elle est consciente, mais elle n’abdique pas, elle ne veut pas s’adapter ; elle cherche de nouvelles voies. Elle démasque les professionnels de la signature, les bobos universitaires, ceux qui étouffent les aspirations du peuple. Elle n’a plus envie de marcher dans les clous.

 

Cette nouvelle génération ne veut pas changer de potes. Elle veut changer la vie. De nouvelles solidarités se dessinent, de nouvelles alliances se préparent. Ouvrir de nouveaux chemins n’est pas une tâche facile. Surtout dans le contexte de la Sainte Alliance. Solidaires ensemble dans la rue et non sur le papier.

 

Oser penser, oser agir. Parlons-nous. C’est ce qu’ils craignent le plus.

 

 

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