« Désormais, quand il y a une grève, personne ne s’en aperçoit ».
N. Sarkozy, 6.7.2008
LMD, LRU, CPE, CNRS, reforme des thèses, Masterisation, autonomie, précarisation des empois, postes supprimés, statut, ...
La liste est longue et bien connue. Les collègues peuvent consulter l'excellent article Non, Madame la ministre de notre collègue Isabelle This Saint-Jean, paru ce mercredi dans Libération. Tout est dit.
Le président de la République déclare à l'avance aux grévistes : « je ne peux pas arrêter le mouvement des réformes » et son premier ministre ajoutera : « le rôle d'un gouvernement «n'est pas de faire des gestes ». Il ne faut pas s'en étonner. Ils ont reçu mandat de leur électorat (majoritaire), comme Bush, comme Mme Thatcher, mais également comme Pétain.
Ces projets de « reformes » ne sont ni secrètes, ni nouvelles. Quels sont les éléments fondateurs de cette politique ? Il faut les chercher dans le monde universitaire (hélas).
Albert Rivaud, membre de l’Institut, professeur à la Sorbonne, ministre de l’Education du Maréchal résume le programme de « rupture » :
« Aujourd’hui, quand la résurrection commence, le Maréchal montre encore 1a voie. II pense à l’avenir, à la jeunesse, à l’éducation qu’elle recevra demain. Il définit les principes avec une admirable sûreté. Tout commentaire est inutile sur un texte dont tous les mots sont chargés de sens. Il reste à traduire les principes en actes, à vaincre les routines qu’il condamne sans appel. Il y faudra du temps et des efforts. Mais on peut imaginer sans peine les grandes lignes d’une réforme qui doit être entreprise sans retard, parce que tout le reste en dépend.
Puissent les maîtres d’hier appelés à collaborer au relèvement, les maîtres nouveaux que l’on va désigner, ne pas oublier ces simples vérités. L’appel magnifique de M. le Maréchal Pétain resterait vain, si le peuple français qu’il doit réveiller, se refusait à l’entendre et laissait le champ libre à ceux qui demeurent attachés aux erreurs passées.
… Nous nous attacherons à détruire le funeste prestige d’une pseudo-culture purement livresque, conseillère de paresse et génératrice d’inutilités.
Et nous n’hésiterons pas à y appeler comme animateurs, aux côtés de la hiérarchie universitaire, les chercheurs originaux qui auront fait leurs preuves dans telle ou telle branche de la découverte.
… Nous favoriserons, entre nos savants et nos industriels, une coopération féconde et, sans abaisser le niveau de notre enseignement supérieur, nous nous efforcerons d’orienter dans un sens plus réaliste la formation de nos ingénieurs, de nos médecins, de nos magistrats, de nos professeurs eux-mêmes …
La vie n’est pas neutre ; elle consiste à prendre parti hardiment. Il n’y a pas de neutralité possible entre la France et l’Anti-France. »
Christian Morrisson, professeur émérite à Paris I, ENS 1957, les résume parfaitement dans Cahier de l'OCDE 13 :
« … On peut réduire, par exemple, les crédits de fonctionnement aux écoles ou aux universités, mais il serait dangereux de restreindre le nombre d’élèves ou d’étudiants. Les familles réagiront violemment à un refus d’inscription de leurs enfants, mais non à une baisse graduelle de la qualité de l’enseignement et l’école peut progressivement et ponctuellement obtenir une contribution des familles, ou supprimer telle activité. Cela se fait au coup par coup, dans une école mais non dans l’établissement voisin, de telle sorte que l’on évite un mécontentement général de la population ».
Le discours pétainiste est mis à jour par l’ancien n° 2 et idéologue en chef du MEDEF Denis Kessler dans un texte à Challenge le 4 octobre 2007. Sous le titre ADIEU 1945, RACCROCHONS NOTRE PAYS AU MONDE ! on reconnaîtra le style de Robert Brasillach :
« Le modèle social français est le pur produit du Conseil national de la Résistance. Un compromis entre gaullistes et communistes. Il est grand temps de le réformer, et le gouvernement s’y emploie.
Les annonces successives des différentes réformes par le gouvernement peuvent donner une impression de patchwork, tant elles paraissent variées, d’importance inégale, et de portées diverses : statut de la fonction publique, régimes spéciaux de retraite, refonte de la Sécurité sociale, paritarisme…
A y regarder de plus près, on constate qu’il y a une profonde unité à ce programme ambitieux. La liste des réformes ? C’est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là. Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance ! »
Denis Kessler est co-auteur avec D. Strauss-Kahn de « L’épargne et la retraite ». Denis Kessler est administrateur d'innombrables sociétés, M. DSK a été nommé au FMI sur proposition de M. Sarkozy.
Le Figaro de ce matin vous dit toute la vérité sur la grève de demain, texte écrit bien-sûr par un journaliste :
« La crise économique frappe tous les pays. Elle a causé, dans la seule journée de lundi, la perte de quelque 70.000 emplois à travers le monde. Partout, les gouvernements réagissent, portent assistance aux acteurs économiques. Leurs mesures sont diversement appréciées, sans toutefois provoquer de manifestations géantes dans les rues. Il n’est qu’un endroit où la grève et la manif sont à l’ordre du jour : la France. Jeudi, les agents des services publics s’arrêteront en signe de mécontentement. Par la force des choses, le secteur privé en payera les pots cassés. Ce sont pourtant les salariés des PME, les plus exposés à la casse sociale, qui auraient des raisons de se faire entendre. Mais telle est l’étrangeté, la singularité française. La parole appartient au plus fort. »
Le seul objectif du directeur adjoint du Figaro, c'est de faire peur. Le reste n'a aucun intérêt. Le mensonge est un art majeur pratiqué par le Pouvoir avec talent.
Nous sommes donc les plus forts ! Faisons alors grève !
De la réussite de cette grève générale dépendra la suite du mouvement.
Dans l'unité, Grève !